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Guy Hamonic, proviseur militant Ancien communiste, il a choisi de diriger un lycee professionnel de Seine-Saint-Denis plutot qu’un etablissement rassure.

2022.09.03

Guy Hamonic, proviseur militant Ancien communiste, il a choisi de diriger un lycee professionnel de Seine-Saint-Denis plutot qu’un etablissement rassure.

Par conviction 1949 Naissance a Strasbourg.

1970 « Instituteur suppleant » a Nanterre. 1988 Chef d’etablissement. 2002 Proviseur du lycee Aristide-Briand au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).

Par Luc Bronner

Temps de Lecture 5 min.

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Dans le langage frequent, on appelle ce genre d’etablissement un “lycee poubelle”. Plusieurs batiments grisatres, tristes au possible, au coeur une Seine-Saint-Denis. Plusieurs eleves, limite tous “issus de l’immigration” , affectes ici parce que personne ne voulait d’eux ailleurs. Des formations de maintenance industrielle ou de chaudronnerie qui font fuir les jeunes. Des resultats aux examens tres faibles. Un absenteisme demesure. On reste au lycee Aristide-Briand au Blanc-Mesnil.

Guy Hamonic, la barbe blanche qui sied a votre proviseur, dirige donc votre “lycee poubelle”. Lui n’emploie gui?re le terme, mais les chiffres qu’il egrene dressent votre tableau sombre de ce que celui-ci prefere appeler un “lieu de relegation scolaire” . Il a choisi votre tache avec sens du devoir, par conviction. Guy Hamonic est un militant du service public, une vigie anonyme de la Republique dans cette banlieue qui effraie.

Cela aurait pu eviter votre poste : apres diverses annees dans la region parisienne, il avait obtenu une mutation dans un lycee tranquille de Bretagne pour attendre la retraite. Il recommence reste trois ans mais s’est ennuye : il lui manquait son “public” , ces eleves d’la marge, ces jeunes dont personne ne veut. “C’est mon univers, c’est ici que se construisent des mentalites de demain.”

Le parcours professionnel a i  chaque fois ete tourne vers les laisses-pour-compte de l’ecole.

le histoire raconte celle de tous les dispositifs inventes pour prendre en charge nos eleves en difficulte : instituteur en “classe de transition” , professeur en “classe commode” , puis en “CPPN” (classes preprofessionnelles de niveau) et proviseur de lycee professionnel.

Son histoire est aussi celle quantite de militants communistes qui faisaient tenir la “banlieue rouge” autour de Paris. Cela a longtemps ete encarte au PCF et a la FEN (Federation de l’education nationale) : “Notre realisation personnelle ne passait nullement seulement par la fonctionnel d’un metier et par la mise en oeuvre d’un projet politique plus large.” Il en a garde Notre croyance que l’ecole pouvait servir d’ascenseur social ­ meme si le quotidien de le lycee montre la vacuite de cette promesse.

Le arrivee, on voit trois ans, n’a nullement ete simple. Dans son bureau, il montre des photos du foyer des eleves prises peu apres son installation. Un eleve a ecrit : “Hamonic, tu craqueras” , “Hamonic, t’es mort” , “Putain de ta mere” . “J’avais impose un https://datingmentor.org/fr/rencontres-de-musique/ controle strict a l’entree du lycee en demandant aux eleves de montrer leur agenda. C’est un reponse : tous a marque son territoire.” Ces episodes restent assez rares. “Ce qui reste Complique, c’est l’accumulation des petits actes ordinaires. Nos eleves seront champions afin d’effectuer peter votre cable a toutes les adultes.”

Le fonctionnement du proviseur provoque des tensions avec ses troupes, notamment les 70 enseignants. “Il peut etre autoritaire. C’est quelqu’un de tres exigeant, un empecheur de tourner en kopek” , glisse son adjointe, Anne-Marie Borrelys. “J’ai le souvenir tout d’un conseil de classe ou il a envoye balader 1 prof devant les eleves. J’avais jamais vu ca” , raconte votre autre de l’ensemble de ses collaborateurs. Des anciens du lycee grincent ­ “c’est un dur” ­ mais preferent ne point en parler “pour ne pas dire que du mal” . Les professeurs ont boycotte une reunion de travail parce qu’il les avait convoques a beaucoup plus jugees indues. “Il delegue peu et il ne consulte nullement beaucoup” , ajoute le collaborateur qui souhaite rester anonyme. Sa fille, Samia, 27 annees, confirme : “C’est un dominant qui donne des ordres mais qui reste juste.”

Notre proviseur assume ce bas niveau d’exigences. Pour le projet, c’est pret a mettre entre parentheses sa vie privee. Cela dit bosser cinquante a soixante heures par semaine et ne pas reussir vraiment a abandonner ses dossiers. Notre voudrait-il que ses contraintes professionnelles le rattraperaient : comme l’ensemble des chefs d’etablissement, il va i?tre oblige ­ par “necessite absolue de service” ­ d’habiter le logement de fonction mis a disposition au lycee. Et cela est un avantage certain dans un centre-ville, principalement Afin de les grands et beaux lycees generaux, ressemble a une punition en banlieue, sauf a aimer vivre au milieu des cites, sans magasins ni activites a proximite. “On n’est nullement dans la vraie vie. On quitte notre travail pour rejoindre votre batiment a cote. On peut ne jamais aller du lycee et rester dans une microcosme.”

Comme proviseur, avec dix-sept ans d’anciennete au poste, il gagne 3 700 euros net avec mois. Une remuneration que celui-ci estime tout franchement correcte. Mais la difficulte, au quotidien, vient surtout du sentiment d’etre i  chaque fois deborde. “C’est passionnant, mais on passe de la urgence a une autre. On reste satures d’embauche administratif et, et, on passe moins de moment sur cela serait important.”

A Aristide-Briand, il faudra se battre sur tous les fronts. Convaincre les eleves de s’y inscrire : a chaque rentree, en septembre, il manque des dizaines d’eleves, qui tentent avec l’ensemble des moyens de reperer une place ailleurs. Les persuader, ensuite, d’y rester : une part d’entre eux quittent le navire en file d’annee ou deviennent des absenteistes chroniques. L’annee derniere, pour 500 eleves, on voit eu 25 000 absences signalees, la majeure partie non justifiees ou avec des motifs fallacieux.

De le poste avance, il s’interroge sur les leviers Afin de remplacer l’ecole. Des moyens supplementaires ? Peut-etre, mais il devoile ne point en manquer. Plusieurs pratiques pedagogiques differentes ? Oui, mais il doute du desir des enseignants, au college principalement, de se consacrer a toutes les eleves en difficulte plutot qu’aux petits eleves.

Guy Hamonic se desole de constater que le taux de reussite aux examens atteigne bien juste 50 % dans son lycee. “Nos jeunes defrichent leur terrain. Ils viennent a l’ecole sans etre portes avec leurs parents.” Concernant le proviseur, ces eleves paraissent des grands blesses de l’ecole, des victimes de l’egalitarisme aussi : “En voulant apporter la aussi chose a tout le monde, on prive ceux qui auraient besoin d’en avoir plus.” Cela resonne tel une certitude pour Guy Hamonic : l’avenir de l’ecole se a beaucoup, la, au fond des cites, dans la durete des “lycees poubelles”.

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